Fabriquer un savon icônique : savon Maison Sarah Lavoine
Ce que je crée est iconique, il paraît.
Il y a quelques années, je créais un savon avec Maison Sarah Lavoine, et la marque l’avait baptisé “L’iconique”.
J’avais été flattée, tout en tombant de ma chaise.
Faut pas exagérer.
En effet, ma savonnerie, Ciment, n’avait alors que 2 ans, et pour moi, une figure iconique, ça ne peut pas sortir de nulle part.
Ça se travaille longtemps.
Ça doit faire ses preuves.
Vivre des aventures.
Etre accroché sur les murs des chambres d’ados.
Ça doit être immédiatement identifiable.
C’est Beyoncé, c’est Pikachu, c’est la Tour Eiffel.
Alors je suis allée relire la définition du mot. Iconique, c’est tout ce qui est relatif aux images.
A ce tarif-là, tout objet physique est iconique.
Tout ce qui est sur Instagram est iconique.
Ou alors ça fait référence aux icônes, au sens religieux. Je vois plus trop le rapport avec mon savon Maison Sarah Lavoine, avec tout mon respect.
Cherchons encore…
Pas besoin d’aller trop loin, l’adjectif “iconique” est en fait un calque de l’anglais "iconic" qui se rapporte à quelque chose, souvent un objet, qui est emblématique d’une époque, marquant, qui se distingue par un caractère fort. Le sac Kelly d' Hermèsest iconic.
Mon savon était donc un objet au caractère fort qui se démarquait des autres.
Vu comme ça, les savons Ciment correspondent à la définition. On les reconnaît au premier regard. Ils ont une jolie place dans la presse. Et c’est l’objet lui-même, pas son packaging, pas sa mise en avant, pas le set design pour la photo qui font le gros du boulot. C’est le savon, à lui tout seul, qu’on reconnaît au bord de la baignoire, même quand il n’a plus son emballage.
Le directeur artistique d’Hermès avec qui je discutais l’autre jour me disait: "Tes savons, ce sont de beaux objets, on les reconnaît entre mille, même nus, même usés."
Et lui, je crois qu’il voit très bien ce que c’est, un objet iconique.
Solène Lebon